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Accueil   >   La vitrine    >   "Mescladis"

Mescladis ??? Qu'es aquo ?

Aïe ! Nous sommes sûrs que le nom de cet article de menu qui vous conduit ici, vous a "un peu" interpellé. Vous vous demandez ce qui nous est passé par la tête… allez, on va vous expliquer :

 

Construire un site, rechercher les mots les plus justes, essayer de ne pas déformer ce qui est issu de chez nos amis Anglo-Saxons, tout cela est fait quasiment par une seule personne. Quelquefois, la pression monte et on a envie de se lâcher !

 

Bref, un soir, nous nous apercevons qu'il devrait y avoir une section, sur ce site, où nous pourrions parler un peu de tout, de nos idées, envies, humeurs, vous faire partager anecdotes et découvertes, un peu de culture (très humblement) aussi…

Nous avons demandé à Sandrine (voir "l'équipe") comment, en un mot, elle nommerait une page comme celle-là. Sa réponse fut immédiate : "Pêle-Mêle". Nous avons trouvé cette idée assez bonne… nous voilà donc partis dans la création de cette page… mais quelques instant après, Sandrine change d'avis : "Non, il faut appeler ça "mescladis" ! Notre réponse a été tout aussi immédiate : "chiche" !

Donc voilà cette page "mescladis"... en fait, c'est un peu notre blog, comme on dit de nos jours !

 

Un mescladis, qu'est ce que c'est ?

 

Nous sommes Occitans et quelquefois certaines expressions en Occitan nous parlent plus que d'autres. Rappelons qu'ici, on dit "chocolatine" !

Donc, un mescladis est un nom qui vient du verbe Occitan "mesclar" (mélanger). En gros, ça peut vouloir dire : mélange, bazar... voilà vous êtes donc sur une page où il y aura tout ce que nous n'avons pas pu classer ailleurs !

Les articles se présentent sous forme de blog.

Nous y mettrons :

  • Nos humeurs (pas trop souvent)
  • Des choses qu'on aime
  • Un peu de culture
  • De l'humour ?
  • … et pourquoi pas, ce que vous souhaiteriez y voir !

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Le paradoxe des métiers

16/02/2024

Le paradoxe des métiers

Encore une fois, je risque de ne pas me faire que des amis. Tant pis !

 

De par notre passion (notre métier), nous rencontrons beaucoup de personnes, de tous milieux, de tous âges, professionnels, amateurs, expérimentés, débutants, maîtres, disciples, formateurs, élèves, ouverts, fermés, hommes, femmes, non genrés (je n'ai pas pu m'en empêcher !), artistes, ouvriers, créateurs, exécutants, et cela dans les domaines des travaux du bois, de la pierre. Je suis né dans ce milieu, il y a soixante-deux ans et y travaille avec passion et volonté de partager, de transmettre, depuis 1980.

 

Je n'ai évidemment pas la prétention de tout savoir ou de croire que seules mes idées sont valables. En revanche, j'ai pu voir les évolutions des milieux professionnels que nous côtoyons de très près au quotidien.

 

Aujourd'hui, nous constatons que beaucoup de personnes ont une grande attirance pour ces domaines, ces métiers artistiques ou artisanaux comme :

  • Ébéniste
  • Tailleur de pierre
  • Sculpteur, modeleur
  • Menuisier
  • Luthier
  • Marqueteur
  • Et bien d'autres

 

Certains franchissent les pas d'autres n'osent pas. Certains en font leur métier, souvent au prix de très grand sacrifices, d'autres vont se satisfaire d'en faire une passion, au sens "amateur" du terme.

 

Tout cela nous encourage… mais… il faut se battre, tous les jours, contre ce que j'évoque en sous-titre de cet article. Dans ce qui suit, concentrons nous par exemple, sur le domaine du travail du bois.

 

Tout jeune, on me parlait de :

  • Le Faubourg Saint-Antoine, centre mondial, excellence de l'ébénisterie, de la menuiserie et des "métiers annexes" tels que tournage, sculpture ornemaniste…
  • L'École Boulle, et quelques autres, toujours fameuses (Revel, Mirecourt…)
  • Les Compagnons

La façon dont on m'évoquait tout ça m'imposait d'avoir un immense respect, que j'ai toujours d'ailleurs, toujours intact, pour ces institutions, ces "monuments des savoir-faire" qui ont fait la réputation de la France, depuis le XVIIème siècle jusque vers la première moitié du XXème siècle.

 

Nos amis Américains sont d'ailleurs friands de tout cela et en font la base de leur "littérature technique".

 

Mais force est de constater qu'aujourd'hui, le phare de notre excellence n'éclaire plus grand-chose !

 

Quelques constats :

Ceux qui ressentent le besoin d'aller vers une pratique du travail du bois, depuis quelques années, vont d'abord sur Internet et les réseaux sociaux. Et là, que trouvent-ils ? Des vidéos, des articles, des livres venant souvent des USA ! Certes, grâce à quelques-uns, c'est un peu moins vrai depuis quelques années. Et sur quoi repose les vidéos, articles, livres américains ? L'excellence de l'art du travail du bois en France ! Roubo, Boulle sont des références !

Et aujourd'hui nos grands créateurs de contenus, sauf exceptions, ne sont pas issus des "monuments" évoqués plus haut. Est-ce "normal" ? Bien entendu : NON !

Alors : pourquoi ?

Je ne suis pas sociologue et parfaitement incapable de rédiger une explication détallée de ces raisons. Mais dans les grandes lignes :

  • Les référentiels de formation ont évolué pour former des exécutants, certes pour la plupart, très compétents.
  • Ces institutions, souvent parisiennes, ne se sont pas ouvertes vers l'extérieur. C'est certainement naturel.
  • D'autres "Maîtres" (quelquefois autoproclamés) ont pensés transmettre leurs savoir-faire, enfin… pas tous ! Ils ont oublié d'en transmettre soit involontairement, c'est logique dans une transmission orale, soit, j'espère plus rarement, volontairement, en voulant éviter que l'élève ne dépasse pas le maître.
  • Apprendre n'est pas seulement accepter ce que l'on reçoit. On ne doit pas rester passif. On se doit d'être actif, curieux, s'ouvrir, voyager, expérimenter, comparer. Or, l'apprentissage actuel, même si, fort probablement, j'exagère, "étouffe" tout cela.
  • L'individu a d'ailleurs une forte propension naturelle à une forme de paresse. Il est plus aisé de "recevoir" que "d'aller chercher".
  • Les deux points qui précèdent nous permettre d'entendre, très souvent, comme réponse à la question "savez-vous pourquoi on fait comme ça ?" la réponse : "non, pas vraiment… c'est comme ça qu'on m'a expliqué". Toute référence au "rabot-qu'il-faut-poser-sur-le-flanc-et-pas-sur-la-semelle" serait une coïncidence !
  • L'entre soi, les "chapelles" : "nous sommes entre gens qui savons", un groupe d'initié.
  • La routine : Je fais et refais ce qu'on m'a appris
  • Pour une majorité, "artisan" est compris de manière très péjorative comme "un individu effectuant un travail à son compte", pas comme quelqu'un qui vit, à son compte de l'art qu'il exerce

 

Il y a certainement d'autres constats. Mais je suis déjà trop long ici.

 

En tout cas, aujourd'hui, c'est l'industrie qui forme "nos jeunes". On en arrive au fait que nous avons plus d'agenceurs, avec tout le respect que j'ai pour ce métier, que de menuisiers, ébénistes…

 

On entend : "houlà"… pour vivre du massif, du travail manuel, c'est compliqué !".

Là aussi, pourquoi  ? Et bien encore une fois, parce que nos professions n'ont pas su communiquer. L'image du "massif" reste : le rustique, le meuble de style (Louis XV, par exemple). Ces styles sont souvent passés de mode. Les Ikea et consort se sont engouffrés dans la brèche pour nous proposer leurs "meubles", certes souvent bien conçus, bourrés de colle et autre produits chimique, fabriqués sans âme ni passion à l'autre bout du monde et bien entendu "non-finis" puisque c'est à nous de les assembler ! Nos "professionnels" ne savent pas communiquer sur le fait que quelques-uns de nos ébénistes modernes sachant travailler à la fois à la machine et aux outils à main, peuvent offrir des meubles sur mesure, conçus selon vos désirs, à votre image ; des meubles "moderne", beaux qui ont une âme.

 

J'ai "piqué" pour illustration, la photo d'une extraordinaire réalisation de Julien Hardy :

"Forêt Noire" (Enfilade contemporaine en Chêne massif, Chêne des marais fossile plaqué, Amarante, Buis, Acajou et Grenadille d’Afrique).

Je ne pense pas qu'il m'en tienne rigueur !

 

Nos professionnels n'ont pas lutté. Ils ont suivis, construits des usines, d'abord en France puis dans des pays à bas-coûts. Ils ont suivi… pas lutté. Ils n'ont pas su imposer que nos savoir-faire pouvait s'adapter, proposer autre chose.

Evidemment, on rétorque que le prix est un frein. Mais, là aussi, comme pour beaucoup d'autres choses, où est la logique d'aller chercher moins cher très loin et d'enrichir ces lointains pays (au passage encore plus loin de nos "normes sociales, politiques, sociétales"). Acheter loin, des produits de piètre qualité, c'est nous appauvrir nous même ! Encore une fois nous sommes dans des visions "cout-termistes" ! L'économie locale est un cercle vertueux. Ne parlons pas ici d'écologie, de développement durable ! Nous alimentons nous-mêmes la spirale qui nous entraîne vers le bas !

 

Un Compagnon me disait hier : "on nous forme pour être rentables. L'amateur n'a pas cette contrainte". Oui, son constat est parfaitement vrai. Mais, justement, en faire le constat est avouer que son métier, sa passion (oui, il est passionné) sont condamnes à disparaitre… condamnés à mort ! Rentable : pour qui, pour quoi ? En France ? Cher Compagnon passionné : Quels que soient ta dextérité, ton niveau d'excellence, ta rapidité… sans changement des idées, des individus, des règles mondiales, tu resteras "ouvrier" au sens très péjoratif du terme. Alors que toi, cher amis Compagnon tu devrais être la fierté réincarnée, le vecteur de transmission de connaissances et savoir-faire séculaires ! Tu devrais vendre ton Art sans que personne ne discute le juste prix ! Mais… transmettre et communiquer, c'est aussi vers l'extérieur, vers ses clients !

 

Conséquence : les formation, la transmission des savoirs et savoir-faire se dégradent. L'être humain, devenu simple exécutant ne retrouve aucune fierté dans ce qu'il fait ! On est dans une "massification" ! On enlève toute fierté, toute personnalité… toute élévation, évolution !

 

Et pourtant, nos quelques échanges dans de fameux Lycées, avec des Compagnons, prouvent que, dans les placard, loin, très loin du "grand public", les savoir-faire sont toujours là. Il s'agit de les dépoussiérer, de les mettre en avant, de les valoriser, d'expliquer… de "former ses clients". Ce que nos énormes entreprises mondialisées savent parfaitement faire ! Sommes-nous trop stupides, trop "mous" pour nous laisser écraser ? Non, si on partage, si on communique, si on se groupe, si on rame dans le même sens. Le travail à faire est considérable. Il faut changer des mentalités (elles évoluent… mais lentement). Il faut s'ouvrir, sortir des chapelles, partager, communiquer.

 

Est-il normal que ce soit à un fabricant d'outils d'expliquer à quoi servent ses outils (pas les siens… mais ceux qu'il s'efforce à fabriquer tels qu'ils doivent l'être), comment on s'en sert, comment ils doivent être, pourquoi ils sont ainsi conçus ? Non, pas du tout. Ces "outils de métiers" ont été conçus par les Hommes de Métiers", afin qu'ils puissent développer leur art, atteindre l'excellence !

 

Les "pros" achètent des objets en forme d'outil… c'est moins cher. Inutile, mais moins cher ! Paradoxe monumental !

 

Un autre constat sur "l'ouverture des milieux professionnels vers l'extérieur" : D'excellentes revues telles que "Le Bouvet", "Couleurs Bois"… contribuent aux transmissions de l'excellence, des savoir-faire, des techniques vers les amateurs, les passionnés; de la même manière que le font de nombreuses chaînes YouTube (Cray Birkenwald, Olivier Verdier, Samuel Mamias, Creolignum, Lucas Mainferme (Atelier La Vivacia) et de nombreux autres que j'oublie ici), plateformes (L'Air du Bois…), groupes sur des réseaux sociaux… Eh bien, à notre grand désarroi, ils restent très méconnus des "milieux autorisés", preuve d'une absence flagrante d'ouverture ! En tout cas, ils sont moins connus qu'ils le sont des "amateurs".

 

Et en interne ? Nous constatons que parmi les groupes de Compagnons que nous côtoyons, beaucoup ignorent  qu'il existe une compétition d'excellence : les Worlskills et que cette année c'est l'un d'entre eux qui représentera la France aux finales internationales à Lyon en septembre 2024. Pas normal : TOUS devraient le savoir et être debout comme un seul homme à pousser Benoît Dessioux ! Nous sommes sûrs que Benoît emportera la médaille d'Or. Mais avec tous les Compagnons, les passionnés, tous unis derrière Benoît, il serait évident, incontestable, sûr, certain que Benoît nous ferait partager sa joie en septembre !

Benoît Dessioux et ses pièces d'entraînement

 

Je cite ici les Compagnons, parce que Benoît est l'un des leurs. Mais je les adore ! Les échanges que nous avons eu, chez nous puis chez eux, nous ont permis de constater combien nous pouvions nous enrichir les uns les autres en échangeant. Ils nous font découvrir des savoir-faire extraordinaires nous faisons de même pour nos outils, qu'ils ont un peu oubliés…

 

Que dire au sujet du dernier livre français paru depuis près de 50 ans sur le travail du bois au outils à main (Sébastien Gros) ? Nous connaissons très bien Sébastien, nous connaissons sa capacité à apprendre, à vulgariser, transmettre, comprendre pourquoi afin, justement de "l'expliquer" (on n'est pas dans le "c'est comme ça qu'on fait"). Sébastien est ingénieur dans l'aéronautique. Était-ce franchement à lui, d'écrire ce livre ? S'il l'a fait, c'est que les détenteurs de ces savoirs n'ont pas voulu s'ouvrir, n'ont pas su, n'ont pas voulu. Nous voulons penser que ce n'est que ça… pas parce qu'il ont perdu ledit savoir !

Le livre de Sébastien Gros aux éditions BLB Bois

 

Heureusement, une nouvelle génération arrive. Ces jeunes, ou moins jeunes, commencent à faire les mêmes constats que je fais. Il commencent à comprendre que leur manque d'ouverture les condamne. Alors, les portes s'entrouvrent : certains "pros" ne vont pas qu'au salon Eurobois, ils commencent à venir avec nous à Épinal (Atelier "Touchons du bois"), ils découvrent leurs lacunes sur les outils à main, ils comprennent qu'il faut "former" leurs clients, le public. Ils ont une vraie conscience que leurs vraies richesses sont dans leurs ateliers, leurs caves, leurs savoir-faire… qu'ils vendent cela.. que leurs réalisations sont seulement les supports de tout cela. Ils savent qu'eux, leurs écoles, les fabricants d'outil, les scieurs, bref tous ceux qui constitue un environnement "professionnel" au sens large, sont "dans la même galère" et que s'ils se mettent tous à ramer dans le même sens et de concert, il pourrons aller loin, très loin.

 

Alors : Rencontrons nous, échangeons, valorisons nous les uns les autres, faisons découvrir nos savoirs, transmettons, ouvrons nous, communiquons, soyons curieux ! Il en va de notre avenir à tous, de l'avenir de l'excellence française, de notre fierté à tous !

 

Soyons fiers de ce que nous sommes, de ce que nous faisons… tous ensemble !

France : ton excellence, tes savoir-faire, ton bon sens foutent le camp !

03/02/2024

France : ton excellence, tes savoir-faire, ton bon sens foutent le camp !

Actuellement, les agriculteurs nous font toucher du doigt l'absence caractérisée de bons sens de la part de nos "dirigeants", ou plutôt des "technocrates" qui, eux, gouvernent en lieu et place de nos "politiques" qui eux, sont surtout présents dans les médias ! Certes, nous le savions déjà. Mais au moins, nos amis "Paysans" ont eu le mérite de mettre ça "à la une" de tous les médias. Certes, le milieu agricole est un "modèle" pour toutes ces décisions irrationnelles, illogiques, antiécologiques, anti-économiques, dénuées de bon sens… Mais vous le savez tous, on trouve des exemples de ces décisions ou fonctionnement irrationnels absolument dans tous les milieux, tous les secteurs d'activités. Nous sommes tous confrontés et pouvons citer au moins un exemple de ce type de "fonctionnement". C'est ce qui nous fait dire à tous que nous sommes d'accord pour payer des impôts… mais pas pour en faire ce qui en est fait !

 

Je vous rassure : loin de moi l'idée de critiquer pour le plaisir de critiquer. De même, pas question pour moi de "faire de la politique". Je reste toujours utopiste. Je ne me referai pas à 60 ans passés !

 

Alors, venons en aux faits :

La France est un pays d'excellence dans de nombreux domaines. Le travail du bois, en fait partie. Aux USA (par exemple) ébénisterie, marqueterie, menuiserie en siège Françaises restent encore des modèles.
En France il existe des établissements d'enseignement publics ou privés, s'adressant à tous publics (formation initiale, reconversion, adolescents, adultes, futurs professionnels, amateurs…), proposant des formations de toutes durées. Dans la très grande majorité des cas, les formateurs débordent de très bonne volonté. Ils font souvent plus que ce qu'ils pourraient faire pour "leurs" élèves, pour les passionner, les motiver, les intéresser, leur apprendre "l'excellence". Mais, pour nombre d'entre eux, il y a une "machine" administrative au-dessus d'eux ! Et là… c'est la catastrophe ! Le "public" est bien entendu quasi systématiquement en cause, mais il existe de nombreux cas dans "le privé.

Vendredi et Samedi, un très célèbre et non moins remarquable Lycée d'enseignement "des métiers du bois", dans le sud de la France, organisait ses "journées portes ouvertes".

 

Que toutes les équipes, direction et enseignantes, ainsi que les élèves, soient ici remerciés très sincèrement pour l'invitation faite à de nombreuses entreprises.

 

Évidemment nous "y étions".

Excellent accueil, simple et convivial. Présentation des formations. Volonté d'ouverture vers les entreprises. Volonté d'enseignement d'excellence. Jusque-là, tout va bien, très bien même.

 

On enchaîne par la visite. Je connais l'établissement et j'avoue que c'est toujours avec un plaisir non dissimulé que j'arpente les salles de cours, les ateliers. Le choc : La menuiserie en siège. Les réalisations sont remarquables, on ressent aussi la motivation des élèves.

 

 

 

Mais comment peut-on former en visant l'excellence en proposant à ces élèves des "objets en formes d'outils". Des objets inutilisables, aucune coupe, aucune précision, aucune tenue… Une excellent façon de démotiver le plus motivé des élèves !

 

 

On poursuit la visite : le tournage sur bois. Là, on connait très bien le "prof", par ailleurs artiste réputé. On sait les extraordinaires efforts qu'il fait pour faire découvrir le milieu du tournage d'art à ses élèves. Il a peu de problème d'outils… oui, compte tenu de la spécificité de sa formation, on pense comprendre qu'il peut vraiment choisir les bons outils !

 

On continue par l'ébénisterie. Là, j'entends un dialogue entre un professeur et une dame, comme moi en visite.

 

- La dame, regardant avec étonnement des rabots (ou plutôt des objets en formes de rabots) :

"Vous travaillez encore avec ces outils ?".

- Le professeur :

"Oui, ils sont très utiles… quand nous en avons de bonne qualité !".

 

Là, vous me connaissez, je n'ai pas pu m'empêcher de bondir !

 

Comme disait un célèbre présentateur T.V. : "Alors, comment ça marche" ?

 

C'est hélas pitoyable ! Si j'ai bien compris :

  • Des appels d'offres sont lancés, je crois au niveau régional. Evidemment c'est le plus souvent le moins disant qui l'emporte.
  • Ce moins disant, ne comprends pas grand-chose aux outils. Il ne contacte d'ailleurs même pas les spécialistes qui, eux, savent ! Il commande, prend une marge (normal) et livre.
  • Un contractuel, employé pour l'occasion (si, si !), livre les caisses à outils, à la rentrée à chaque établissement, pour chaque section, pour chaque élève !

 

Oui… la fameuse égalité, les "aides"… Chaque rentrée, tous les élèves ont une caisse à outils, offerte généreusement par nos impôts. L'idée est grande. Mais :

  • La connaissance et le choix des outils ne doivent ils pas faire partie du cursus de formation ?
  • La démarche d'achat, la connaissance du vrai prix d'un véritable outil n'est-elle pas essentielle quand on veut suivre une carrière dans ces métiers ?

 

J'interviens et on me donne quelques arguments :

  • "Il faut mettre tous les élèves sur un même pied s'égalité"
  • "On ne peut pas demander aux élèves ou leurs parents de dépenser des sommes importantes pour apprendre"

Et on continue :

  • "D'autant plus qu'environ la moitié des élèves ne continuera pas dans cette voie" !

 

Ainsi :

  • On gaspille. Chaque année on achète des dizaines de caisses à "pseudos-outils". Une moitié partira à la poubelle et l'autre moitié ne pourra pas être utilisée faute de choix adéquat.
  • On dégoûte les élèves avec ces "objets"... puis de leur futur métier ou future passion.
  • On fait venir d'Inde ou Chine ces objets inutiles, que le fournisseur qui a emporté l'appel d'offre a acheté, d'ailleurs, chez un autre revendeur hors de France ! (J'ai des noms !)
  • Ces mêmes fournisseurs, censés livrer des râpes faites mains livrent des râpes faites machine d'un niveau de qualité déplorable (celles-là sont achetées en France mais viennent bien d'Inde ou Chine). Là on est dans l'escroquerie !
  • On fait travailler des entreprises qui ne s'impliquent pas dans ces métiers, qui ne connaissent RIEN aux outils à main.

 

Où sont écologie, durabilité, logique, bons sens, économie, excellence, qualité, circuits courts ?

 

Ne serait-il pas plus simple, moins coûteux d'équiper une fois pour toutes chacune de ces sections avec de VRAIS OUTILS ? De sensibiliser les élèves à ce que sont ces outils ? De remplacer, peu à peu, les outils usés ou dégradés ?

 

L'équité ne serait-elle pas, pourquoi pas, d'aider les élèves qui souhaitent persévérer dans cette voie, à s'équiper pendant ou à l'issue de l'année de formation ?

 

Quelques établissements ont bien compris cela. Certains consacrent une journée complète à la présentation des outils à mains, faite par des spécialistes. Respect à eux. Ils savent associer ce qu'ils maîtrisent : les savoir-faire, à ce qu'ils avouent eux-mêmes moins bien maîtriser : la connaissance des outils

 

Au lieu d'aider là où ce n'est pas utile, la véritable aide ne serait-elle pas de faire la promotion des métiers du bois (dans notre cas présent) auprès du grand public afin de lui faire comprendre que l'achat, même plus cher d'un meuble fait par un "artisan"  est plus économique, à terme qu'un meuble qui sera "jeté". Où sont développement durable, écologie, économie… Je laisse ici d'autres spécialistes aborder ce sujet par ailleurs.

 

On est comme dans l'agriculture : on ne veut pas de produits venus de l'autre côté de la planète, on veut aider nos paysans mais on préfère économiser 30 centimes sur une salade.

 

Comme les futurs artisans d'excellence que la France est tout à fait capables de former, il faut éduquer les consommateurs que nous sommes tous !

 

Quant à moi, toute notre équipe et quelques amis, nous sommes toujours prêts à donner de notre temps pour intervenir, autant qu'il le faudra, dans autant d'établissements qui le souhaiteront, pour présenter "ce qu'est un outil" !

 

Et, dans le cas présent, nous sommes à moins d'une heure de cet établissement. Certains "profs" nous connaissent, visitent l'entreprise avec quelques élèves. Mais ils ne peuvent pas obtenir nos produits. Et, si au moins, même sans les prendre chez nous, ils pouvaient avoir de vrais outils !

 

Notre région se bat pour mettre en avant et soutenir ses entreprises. Nous saluons ces efforts. Mais, dans ce cas, elle fait tout le contraire !

 

Cet article de blog restera, certainement sans suite. Tant pis ou hélas ! Je me suis exprimé. Il ne tient qu'à vous, cher lecteur, de partager, abonder ou critiquer ce long message !

 

 

 

Michel Auriou

Rabots Henry Eckert, un faux pin, Louis XVI et Albi

29/04/2023

Rabots Henry Eckert, un faux pin, Louis XVI et Albi

Certains rabots Henry Eckert Toolworks, sont proposés avec poignée et pommeau en "Pin Huon".

 

David Eckert semble tenir au choix de cette essence. Il mentionne même sur son site : "Notre choix de pin Huon (il ne s'agit pas d'un pin) est simplement un hommage à ce célèbre bois indigène d'Australie, dont l'histoire en Tasmanie est incroyable".

 

Un Pin qui n'est pas un Pin ? Célèbre bois indigène d'Australie ? Histoire de la Tasmanie ? Hommage ?

 

Histoire, hommage, culture, bois... voilà qui attise notre curiosité. Nous sommes donc allés, pour vous, à la recherche d'informations !

 

Le Pin Huon ou, Huon Pine ou scientifiquement, le Lagarostrobos franklinii est une espèce du genre des Lagarostrobos. Cet un genre de conifère appartenant à la famille des Podocarpacées (Podocarpaceae). Cette famille ne contient que 156 espèce d'un peu plus d'une quinzaine de genres. Mais, sur ces sujets, nous sommes loin d'être des spécialistes ! En tout cas, malgré son nom, il n'est pas considéré comme un "vrai" pin !

 

Ce bois est endémique d'une région de la Tasmanie. Il doit son nom au fait qu'il a été trouvé près de la rivière Huon. Nous reviendrons plus loin sur ce patronyme.

 

Il y a environ 80 million d'années, la Tasmanie était était attachée au continent Arctique. Y poussait alors des conifères dont le Pin Huon est un des descendants.

C'est un arbre à croissance très lente. Sa durée de vie est l'une des plus longues du monde végétal. Il n'est pas rare de trouver des spécimen de plus de 2000 ans. On parle même sur le "Mont Read" d'un bosquet de plus de 10500 ans ! Ce sont des mâles (c'est une plante dioïque, avec des individus mâles et femelles), tous identiques génétiquement et qui donc forment certainement un seul et même individu.

 

Il peut s'élever au delà des 30 m. Son tronc, assez droit, peut atteindre les 2 m de diamètre. Son grain est très serré. et sa couleur d'un beau jaune doré qui, avec le temps évoluera vers une couleur de miel. Sa densité est d'environ 550 kg/m3 à 12% d'humidité et dépasse les 950 kg/m3 quand il n'est pas sec.

 

Le Pin Huon contient des huiles aromatiques (méthyleugénol) recherchées pour l'industrie des cosmétiques, la pharmacie (soin des plaies, maux de dents), ou leur utilisation comme insecticide. Ces huiles lui permettent, au delà de présenter un aspect parfumé, de résister à la pourriture, même immergé dans de l'eau, tant douce que salée, et de présenter des caractéristiques d'imperméabilité incroyables. De fait, il a été très vite apprécié pour de nombreux usages tels que construction de bateaux, de meubles, ébénisterie, tournage, sculpture, cosmétique, pharmacie. Il est doux, résistant et offre un grand attrait : posséder un objet réalisé dans un des bois les plus vieux du monde.

 

Bien évidemment, c'est un bois aujourd'hui protégé dans la zone du Tasmanian Wilderness World Heritage.

 

Tous les avantages qu'il procure en font un arbre emblématique d'abord de Tasmanie, puis évidemment de toute l'Australie.

 

Il est vite devenu une ressource cruciale. Une économie importante s'est développée et à permis à toute la région où il pousse de devenir prospère. D'importantes routes commerciales ont été crées grâce (ou à cause ?) de lui.

Une route, fluviale, très importante, reliait toute la vallée de l'Huon à la capitale de Tasmanie : Hobart.

Cette industrie lucrative a vu le jour autour de cet « or vert » au début des années 1800, avec des "piners" coriaces et ingénieux parcourant les rivières éloignées, flottant sur des radeaux de rondins. Deux autres vagues d’exploitation forestière ont suivi dans les années 1930 et 1970. Au moment où l’exploitation forestière du pin Huon a été interdite dans les années 1970, 90% des peuplements originaux de Tasmanie (et du monde) avaient été touchés.

Beaucoup de bois ne sont jamais arrivés à destination et se trouvent encore au fond des fleuves et lacs où ils sont parfaitement conservés. De nos jours, quelques industriels se chargent de renflouer tous ces arbres.

 

Cet arbre, même mort au fond de l'eau, a donc modelé un paysage (collines boisées et même les tanins qui colorent l'eau) , une économie et la culture d'une région. C'est un morceau de l'histoire de l'Australie et plus particulièrement de la Tasmanie !

 

Nous comprenons mieux pourquoi David Eckert tient à nous proposer les poignées et pommeaux de ses rabots dans cette essence ! Bien évidement ses approvisionnements se font dans le cadre d'un commerce équitable et raisonné.

 

Mais, que viennent faire Louis XVI et Albi, la plus belle ville du monde, dans cette affaire ?

 

Huon, la rivière Huon et la vallée de l'Huon on donné leur nom à ce fameux bois. Mais d'où vient ce nom Huon ?

 

Lapérouse ? Oui, Jean-François Galaup, Comte de Lapérouse, est originaire d'Albi, plus précisément du Château du Gô, entre Albi et Saint-Juéry. Il a, paraît il, rencontré quelques problèmes dans l'hémisphère Sud à la recherche de nouvelles terres, à tel point que Louis XVI et ses amis en avait perdu sa trace. Notre bon Roi, avant d'en perdre la tête, organise une expédition de secours, en 1791. Cette expédition est commandée par le vice-amiral Antoine Bruny d'Entrecasteaux. C'est lui qui baptisera le fleuve du nom de son second (Breton, d'ailleurs), commandant du bateau L'Espérance : Jean-Michel Huon de Kermadec.

 

Alors, en achetant un rabot avec poignée et pommeau en Pin Huon, vous achetez un excellent bois et un morceau d'histoire.

 

Ah, oui, pour la petite histoire, c'est Peter Dillon en 1826, puis Jules-Sébastien-César Dumont d’Urville en 1828 qui perceront le mystère de la disparition de notre célèbre Albigeois en retrouvant l'épave de L'astrolabe (une des deux frégates de l'expédition). En 1924, Reece Discombe, plongeur Néo-Zélandais identifie l'autre frégate : La Boussole, dans les récifs de Vanikoro, entre les iles Salomon et Vanuatu, à plus de 2000 km au nord-est de l'Australie.

Pour la petite histoire, Notre Albigeois, Jean-François Galaup de Lapérouse est célèbre pour avoir vaincu quelques Anglais dans la baie d'Hudson en 1782 !

 

Jean François Galaup de Lapérouse

 

 

 

 

Grandir, se grandir, faire grandir !

05/01/2023

Grandir, se grandir, faire grandir !

Les réseaux sociaux sont à la fois un bien et malheureusement trop souvent un mal. Fiel, haine, agressivité gratuite, fausses informations circulent. Tout cela ne fait rien progresser, et bien au contraire, a tendance à tirer vers le bas toute une communauté. Ne parlons pas des blessures, souvent graves, que tout cela occasionne. Mais nous ne sommes pas ici, surtout en ce début d'année, pour contribuer à la morosité ambiante, à plus forte raison en ce début d'année.

 

Oui, nous voulons évoquer, justement, le "bon" côté des Facebook, Instagram, YouTube et autres. Ce côté qui, parmi d'autres, nous permet de grandir et de se grandir.

 

Nous voudrions vous rapporter plusieurs anecdotes qui illustrent ce sujet.

 

D'abord, hier, en fin d'après-midi, c'est "Mick" qui nous contacte sur Instagram, en message privé. Il nous envoie une photo de ses dernières "petites emplètes", à savoir huit outils Lie-Nielsen ! Entre nous, on ne va pas parler "chiffons" et notamment, du prix de cet "investissement". Notre Mick en question, certainement une petite larmette à l'œil, nous dit juste "merci" ! C'est lui qui nous dit "Merci" !!!  Vous vous en moquez peut-être, mais nous, ça nous fait monter une très grosse larmette ! Quelques minutes plus tard, c'est un certain "Alex P." qui nous appelle pour nous souhaiter ses vœux (merci Alex). Nous venons à parler de ce "Mick", que d'ailleurs, Alex a mis en relation avec nous. Nous apprenons (bon, nous nous en doutions un peu) que Mick est un des plus grand connaisseur, en France, de la marque et des outils Lie-Nielsen. Mick est certainement capable de nous en apprendre beaucoup et, c'est grâce à lui, par notre intermédiaire, qu'à votre tour vous en connaitrez un peu plus sur les outils de cette marque (et probablement, sur d'autres !).
Mick essayait de nous contacter "incognito", mais vous le connaissez : c'est "woodworkshopbreizh " et sa publication est .

 

Il y a quelque temps, un client nous a acheté un tranchet "Hock" et un kit de rabot à monter soi-même. Hier, sur "L'Air du Bois" (comment ça, il y en a ici qui ne connaissent pas "L'Air du Bois" ? Aucune excuse : qu'ils s'inscrivent derechef !). Donc ce client, sur L'Air du Bois, a pour pseudo : "Neiru". Et "Neiru", nous expose son tranchet monté sur un très beau manche fait maison et son kit de rabot monté. Nous sentons sa fierté et sa volonté de partage. Là aussi, vous vous en moquez peut-être, mais nous, ça nous touche. Mais surtout, ça peut donner des idées à d'autres, créer des discussions et créer des liens.

 

Hier dans notre "18:56" sur Facebook et Instagram, nous vous informons que nous avons à votre disposition quelques excellents trusquin "Glen Drake". Et "Paf" ! Quelques heures plus tard, c'est Sébastien Gros (La Manufacture Atelier Bois) qui publie un article (Facebook) en nous donnant quantité de détails sur ces outils. Croyez nous, nous n'avons pas honte de dire que nous ne connaissions pas tout de ces trusquins. Merci encore à Seb pour la qualité toujours "au top" de ses textes. Lui aussi, contribue à enrichir la communauté. Et sans les utilisateurs très exigeants, tels que lui (et beaucoup d'autres), les fabricants ne seraient rien et vous outils ne seraient plus capable de vous rendre les services que vous en attendez. Des exemples ? Les râpes "industrielles" (et pas mal de faites-main sans les connaissances indispensables). Des rabots, importés de pays à bas coût…


Les fabricants et vendeurs d'outils ont nécessairement besoin de vos connaissances. Certains les prennent pour se grandir et, à leur tour, faire grandir, d'autres ne les prennent que dans un but seulement mercantile... quand ils ne les ignorent pas, tout simplement.

 

C'est vous qui contribuez à ce que vos outils restent de "vrais outils utiles" et pas de simples biens de consommation inutiles et jetables.

 

Ah, il est peut-être temps, avant que les esprits chagrins ne vident leur venin, de préciser qu'aucun des trois personnages cités ici, n'a reçu un quelconque outil gratuit. Ils payent tous leurs achats. Bon, nous avouons qu'il nous arrive, de temps en temps, de payer un resto à Seb, lorsqu'il passe, en quasi-voisin, à l'entreprise. Et croyez nous, le Seb, il mange !

 

Pourquoi évoquer ces anecdotes ? Simplement parce que nous voulons vraiment vous dire que c'est de "vivre" ça, au quotidien (et on ne vous dit pas tout !), qui est notre "moteur". Merci à vous pour ça et aussi pour partager vos connaissances, vos expériences, vos fiertés, avec tous. C'est ainsi que nous nous enrichissons tous mutuellement. Et là, ça tire vers le haut. Ça nous grandit tous. C'est ça une vrai communauté. Pas des gens qui s'engueulent.

 

Mick, Neiru et Seb, ici, se grandissent et nous font grandir. Les arbres se transforment en forêt. Et la forêt, c'est la vie.

Samuel Mamias , fabrique un rabot en bois

16/12/2022

Samuel Mamias , fabrique un rabot en bois

Nous avions publié, il y a peu de temps, sur Instagram et Facebook, une très brève information sur les lames et contrefers pour rabots en bois de type Krenov. Lors de cette publication, nous étions loin d'imaginer que Samuel Mamias avait en tête la réalisation d'une vidéo montrant la fabrication d'un rabot de type Krenov.

 

Cette vidéo est aujourd'hui "en ligne sur You Tube. Nous vous encourageons à aller la regarder attentivement.

 

Nous ne sommes pas sponsors, ne voulons pas "utiliser" et respectons trop le travail des créateurs. C'est pour cela que nous n'aimons pas commenter ce type de vidéo sur You Tube ou sur leur espace de publication.

 

En revanche, nous nous permettons quelques fois, d'essayer de compléter les information contenues dans ces réalisations. Nous le faisons ici, sur notre site.

 

Samuel utilise des outils à main : planes, rabots, guimbardes, trusquins, limes (noooon, pas les limes !). Il est toujours franchement intéressant de voir et revoir l'efficacité de ces outils. Il travaille aussi avec de grosses machines. Nous ne voulons pas entrer dans un débat inutile, mais nous insistons sur le fait que chacun peut préférer travailler "tout à la main", c'est tout à fait possible pour cette réalisation, ou décider un "combo machines-outils à main" !

 

Les quelques informations qui suivent traiteront exclusivement, vous vous en doutez, des outils à main !

 

Le grand intérêt de ce type de vidéo (merci Sam) est qu'elles sont un excellent support pour illustrer qu'il n'existe pas UNE solution, mais que le choix de ses outils à main dépend de chacun.

 

Le sciage des rainures peut se faire avec de bonnes scies à dos (scie à bâti), un ciseau et... une guimbarde. Sam nous fait une excellent démonstration du travail avec ce dernier outil. Que l'ébauche des rainures soit faite à la main ou la machine, le travail à la guimbarde s'impose au final.

 

Le trusquin, il semble que Sam utilise un "Glen Drake", reste le compagnon idéal et indispensable pour le traçage. Toujours pour le traçage, n'oublions pas les tranchets, Hock ou les magnifique couteau et équerres Blue-Spruce. 

 

Sam utilise une grosse scie à tenon pour "araser" les extrémités de la barre transversale. Il n'y a pas de problème, ça "fait le boulot". En revanche, pensez aux scies à araser japonaises (kugihiki). Leur emploi est plus facile, et ne laissera aucune trace sur la face extérieure des joues du rabot.

 

Nous apprécions l'usage de la plane avec un point d'appui (un peu comme un paroir). Cela autorise un travail plus précis, plus fiable, plus aisé. La plane est un outil qu'on oublie trop souvent alors qu'il est d'une très grande utilité au quotidien.

 

Sam nous parle plusieurs fois de limes. Il le sait pourtant : la simple prononciation du mot "lime" utilisé dans le travail du bois, nous fait bondir. Oui, effectivement, la lime peut faire le travail de rectification de l'ouverture. La lime manque de précision et de coupe sur le bois. C'est un outil conçu pour le travail du métal. Elle  demande une pression plus importante que la râpe. Sa "coupe" est aussi moins importante. Ces deux inconvénients réunis entraînent un manque de précision. Dans ce cas précis, l'utilisation d'une râpe effilée L. 150 mm piqûre 13, permettra un travail fantastique, rapide et précis.

 

Le wastringue, utilisé pour la finition de la forme extérieure est aussi un outil magique et simple d'emploi. Toutefois, ici, nous aurions préféré utiliser une râpe (fauteuil L. 250 piqûre 9 ou fauteuil L. 225 piqûre 10). En effet, en bois de bout, elle seront plus facile d'emploi et plus précises dans la réalisation de la forme. En revanche, la guimbarde laissera un état de surface quasiment parfait, alors qu'après l'emploi de râpes, il faudra recourir à l'usage d'un racloir, plus simple à affiler qu'on ne le croit, et qui finira votre bois à la perfection avant application de la cire.

 

Sam insiste avec raison sur le fait que le coin doive impérativement toucher la lame au plus près de l'extrémité. Il est donc intéressant de "creuser" très légèrement la face d'appui de ce coin. Un wastringue cintré Boggs utilisé avec légèreté ou une râpe effilée (L. 150 P. 15 ou L. 175 P. 13) utilisée sur le dos, feront un superbe travail !

 

On le voit : ce type de vidéo est excellent, tant pour se motiver à travailler le bois ou se faire ses propres outils que pour servir de support pédagogique au choix et à l'utilisation d'outils à main. C'est en cela que nous saurons jamais comment remercier Samuel Mamias pour ces travaux ! Merci. Tout simplement !

 

Ah, nous avons failli oublier l'essentiel : les lames et contrefers Hock pour rabots de type Krenov sont en vente sur notre boutique en ligne.

 

 

L'histoire d'un escalier

14/11/2022

L'histoire d'un escalier

Nous entretenons, avec beaucoup de nos clients, des relations qui dépassent le classique lien "client/fournisseur" . Ceux qui nous ont rencontré, notamment chez nous, le savent très bien !

 

Les sourires de nos clients, sont notre moteur. Leur enthousiasme est un plaisir. De très belles relations sont nées (Séb, Greg, Franck, pour n'en citer que trois, mais il y en a beaucoup d'autres, peuvent en témoigner).

 

D'autres fois, très souvent d'ailleurs, ces mêmes "clients" nous rapportent de très belles anecdotes.

 

Il en est que nous voulons absolument vous faire partager.

 

Aujourd'hui, c'est notre ami Paul Lidove qui est venu se procurer quelques unes de nos râpes. Pour lui, dit-il, elles sont indispensables pour terminer, enfin, un escalier en chêne commencé "il y a un temps certain" ! Et notre Paul, très fier nous fait voir quelques photos de son "ébauche" (oui, il n'est pas "fini") d'escalier. De la photo, on passe à la description et notamment à "l'histoire" de ce chêne. Nous avons aimé cette anecdote que Paul et son épouse ont eu l'amabilité de nous transcrire. Nous vous la transmettons en intégralité (sans les "coupures" optionnelles !) ci-dessous. Merci beaucoup à Paul, merci beaucoup à son épouse pour la "relecture" !

 

" Les 2 photos que vous avez vues sont celles d’un escalier que j’ai construit, il y a 40 ans, et comme je n’avais pas confiance dans mon tracé à l’échelle 1/10 (ce que font les pros), j’ai tracé l’escalier à l’échelle 1/1, au sol de la grande pièce revêtue pour l’occasion, d’un « Dalflex 30x30 » premier prix destiné, dans le futur, à être remplacé par un carrelage que nous recouvrions ma femme et moi par un vieux tapis car je n’y travaillais que le WE. Et bien entendu pas le droit de laver par terre.
Les travaux ont duré 6 mois et les enfants avaient interdiction de marcher sur le plan.
Le chêne de cet escalier a une histoire :
Il provient de la démolition de l’ancien hôpital de Belle ile, construit certainement au moment de la Citadelle et des remparts de Belle Ile érigés par Vauban (mais cela je ne le prouverais pas)
Les arbres de ces poutres viennent certainement du continent car il n’y a pas de grande forêt à Belle Ile en mer, et quand on voit leur âge, ils ont peut-être été abattus sous Henri IV !
 En visitant ce vieil hôpital, pour un diagnostic avant travaux je suis passé par la cour des miracles ! Et cela m’a laissé un souvenir très dur. Il était occupé par de jeunes enfants hydrocéphales (on ne savait pas les soigner à l’époque), couchés sur un sol carrelé derrière une grille. Leur tête de 50 ou 60 cm de diamètre reposait au sol car ils ne pouvaient pas la porter. (Vous pouvez couper ce §) 
A la démolition, j’ai réussi à sauver quelques poutres de la tronçonneuse en les faisant porter par le démolisseur sur le quai de chargement et déchargement des bateaux qui alimentent l’ile.
Les 3 poutres de 600 x 50 x 60 ont été transportées sur le continent à Lorient par le caboteur « Le Taillefer » qui ravitaillait les iles.
Mr Jean Périgault un vieux monsieur à l’époque, gros importateur et transformateur de bois exotiques a très gentiment accepté de les prendre en charge pour les faire débiter dans sa scierie de bois de pays.
Je suis toujours surpris par cette gentillesse à mon encontre, peut être ma bonne mine ou ma conviction (il a dû sentir que j’aimais le bois car je le visitais souvent pour des bricoles, des chutes de bois et pour la connaissance qu’il avait des bois exotiques) 
Son chef de scierie, où il avait fait porter mes poutres, m’a très mal reçu. Un vieux bougon qui a tout de même, en grognant, obéi à son patron, car m’a-t-il dit, « à Lorient tous les bois de pays sont des bois bombardés et plein de balles et d’éclats d’obus ». La « poche de Lorient » a laissé des traces 40 km alentours ! 
Mais ce n’était pas le cas de Belle Ile.
Il m’a alors raconté ce qui lui était arrivé avec un bois de pays et j’ai alors compris sa réticence : 
De la bille engagée sous le ruban il a vu sortir, du dessous, là ou sortait la sciure, un fin fil d’acier qui se déroulait au fur et à mesure de l’avancement du bois sur le banc. Le ruban de 15 cm de largeur était tout simplement en train de se faire découper par un éclat d’acier très dur logé dans le bois !!!!!
Je me suis alors engagé auprès de lui, à venir le WE, nettoyer à l’herminette les 4 faces de chaque poutre, pour repérer les traces de 300 ans de clous et autres tirefonds. J’ai retiré un seau de ferrailles, affuté plusieurs fois l’herminette et tracé, au bleu, recto verso, en plombant, les lignes de sciage qui évitaient les ferrailles impossibles à sortir.
Le jour fatidique, la première poutre sur le banc, le chef grognon ma bien montré qu’il allait scier « à reculons », sûr de casser au moins une lame « puisque le patron a dit, alors, allons-y ! » 
J’avais prévu discrètement une bouteille de champagne au cas où tout se passe bien.
Toujours en grognant, sans ne me parler ni me regarder, il scie en suivant le premier trait en avançant tout doucement et la planche tombe, nette, sans pointe. Bon c’est de la chance on va casser à la prochaine dit ‘il. J’avais la trouille ! Peut-être un peu inconscient !
Premiers plots empilés sans anicroche puis la deuxième poutre y passe puis la troisième. Quelques petites traces de pointes rouillées mais aucun dégât sur le ruban !
Devant mes poutres resciées, j’exultais intérieurement attendant qu’il se détende et me sourit un peu en m’adresse la parole.
Rien ! pas un mot rien ! pas un regard. 
Je lui ai dit merci j’ai gardé ma bouteille et suis reparti voir Mr Périgault lui dire que tout s’était bien passé. Il m’a fait porter les plots pour construire mon escalier. 
Aujourd’hui je pense que j’aurais dû ouvrir la bouteille mais j’étais jeune, rancunier et je manquais de diplomatie. Il se serait peut-être détendu. Je ne l’ai jamais revu. "

 

 

P. S. : l'escalier, contrairement à ce que nous pourrions penser, n'est pas en Bretagne. Il est installé dans une maison... en Ariège !